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Du nouveau dans le traitement de la bêta-thalassémie par Thérapie Génique

Le 28 mars dernier, le Comité des Médicaments à Usage Humain (CHMP) de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) a émis un avis favorable pour l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) du Zynteglo à destination des patients atteints de β-thalassémie Dépendante des Transfusions (TDT).

La β-thalassémie Dépendante des Transfusions (8 séances transfusionnelles/an minimum) est une maladie génétique sévère causée par une mutation qui diminue ou empêche la production d’hémoglobine, protéine des globules rouges indispensable au transport de l’oxygène dans tout l’organisme. Les patients TDT sont diagnostiqués très tôt, dès le plus jeune âge, et nécessite un régime transfusionnel systématique au long cours, afin de maintenir un niveau d’hémoglobine suffisant. Cependant, ce traitement entraîne à long terme des défaillances multiples d’organes. Actuellement, le seul traitement curatif est la transplantation de cellules souches hématopoïétiques (CSH), à condition de disposer dans sa famille d’un donneur compatible.

Le but de la thérapie génique, et particulièrement du traitement par Zynteglo, est de rétablir un niveau suffisant d’hémoglobine chez les patients TDT, afin de leur permettre de s’affranchir des transfusions chroniques qu’ils subissent tout au long de leur vie.

La substance active du Zynteglo est constituée de CSH collectées chez le patient, auxquelles a été ajouté un gène codant pour une bêta-globine modifiée et fonctionnelle, qui a le potentiel d’augmenter le niveau total d’hémoglobine, et ainsi éliminer la dépendance aux transfusions chroniques. Ce gène est transféré aux CSH par l’intermédiaire d’un vecteur de type Lentiviral (LV) appelé « LentiGlobin » mis au point à l’université d’Harvard à Boston et au CEA de Fontenay-aux-Roses, puis développé par la compagnie américaine Bluebird Bio. Une fois modifiées, les cellules sont réinjectées au patient après un traitement myéloablatif (destruction de la moelle malade pour reconstruction avec les nouvelles cellules souches modifiées).

Depuis 2013, la compagnie américaine Bluebird Bio mène des études cliniques en collaboration avec le Pr. Marina Cavazzana de l’Hôpital Necker qui s’intéresse à la thérapie génique dans le traitement des β-thalassémies depuis sa collaboration avec le fondateur de la société, le Pr Philippe Leboulch, en 2002. Les récentes données cliniques de l’étude HB-205 incluant 4 patients pris en charge à l’Hôpital Necker Enfants Malades à Paris, ont révélé l’efficacité thérapeutique du Zynteglo chez des patients TDT pour lesquels aucun donneur compatible pour une transfusion n’est disponible. Plus de 3 ans après les traitements, 14 patients sur les 22 traités n’ont plus besoins de transfusions sanguines, tandis que les autres ont durablement diminué leurs besoins transfusionnels.

Désigné comme « médicament orphelin » depuis 2013, le Zynteglo a fait l’objet d’une évaluation accélérée par l’EMA en raison de son caractère innovant et de son intérêt majeur en santé publique. La décision finale de l’AMM revient à la Commission Européenne, mais si celle-ci suit l’avis de l’EMA, le Zynteglo sera le premier traitement de thérapie génique à obtenir son AMM en Europe pour cette indication (le premier traitement de thérapie génique à obtenir son AMM en Europe était le Strimvelis, en 2016, indiqué dans le déficit immunitaire combiné sévère par déficit en adénosine désaminase). Cette AMM pourrait donc changer la prise en charge des patients TDT et améliorer leur qualité de vie.

Aurélie Laubier, PhD, chef de projet du DIM Thérapie Génique

 

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